Valentin Chappuis

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L’élevage porcin, une histoire de famille

En 2020, je suis devenu le propriétaire de l’exploitation familiale située à Lussery, dans le Gros de Vaud. Je représente la 6e génération à la tête du domaine. En 1995, mon père a arrêté la production laitière avant de se tourner vers les porcs. Mes parents ne sont plus actifs sur le domaine agricole, mais ils gèrent la boucherie de la ferme. En plus de la porcherie, je produis du blé, de l’orge, des pois protéagineux, du colza, du tournesol et du maïs sur 52 ha. Je peux compter sur l’aide d’un collaborateur pour les tâches quotidiennes. Ma femme ne travaille pas sur le domaine, puisqu’elle est enseignante. Ensemble, nous avons deux filles en bas âge. Il est vrai que le travail à la ferme est prenant, mais j’essaie de dégager le plus de temps possible pour voir mes enfants grandir.

Rien ne remplace l’humain

Dans notre exploitation, nous avons 630 porcs. En général, sur une année, ce sont 1800 bêtes qui passent par notre ferme. La journée débute à 6h30 par le nettoyage des boxes. Même si l’affouragement des porcs est automatisé, il est important d’être présent pour observer les animaux en détail, surveiller qu’ils n’ont pas de blessures et qu’ils sont tous en bonne santé.

Des stores et des brumisateurs pour les cochons

Les cochons ont en permanence accès à la nourriture et à l’eau. Comme ils ont de grands espaces à disposition, ils ne sont pas stressés pour manger, ils peuvent y aller quand ils ont en envie. Un climat serein et calme est ainsi assuré au sein de la porcherie. Les animaux ont accès à deux espaces distincts : l’aire de repos, où ils peuvent profiter d’une épaisse litière de paille, et l’aire de sortie où, grâce à un sol perforé, nous récupérons le lisier pour en faire un excellent engrais de ferme. Dès que les températures deviennent trop élevée, on déroule les stores, car les cochons ont une peau délicate et peuvent attraper des coups de soleil. D’ailleurs, comme ce sont des animaux qui ne peuvent pas transpirer, on a installé des brumisateurs pour qu’ils puissent se rafraichir.

Contrôles fréquents

La filière porcine est séparée en deux pôles : l’élevage, qui consiste à gérer l’insémination des truies ainsi que les portées, et l’engraissement. Je travaille toujours avec le même éleveur, c’est important à mes yeux. Lorsque les porcelets sont âgés de deux mois, je les achète et ils rejoignent ma ferme. Durant les trois mois suivants, ils continuent de grandir et passent de 25 à 130 kilos. Les contrôles vétérinaires inopinés sont fréquents. Ils ont pour objectif de vérifier si les animaux sont détenus dans de bonnes conditions. Il faut dire que la Suisse est le pays dont la loi sur la protection des animaux est la plus stricte du monde : il n’est par exemple pas possible de posséder plus de 1500 porcs. On est loin des fermes de 80’000 cochons en Chine ! C’est aussi un des seuls pays au monde où on ne coupe pas la queue des cochons. La Suisse a su garder des exploitations à taille humaine.

Un label pour garantir un élevage respectueux

Lorsque le moment est venu, mes cochons sont amenés à l’abattoir. Là encore, les règles sont très rigoureuses, et un vétérinaire est toujours présent pour s’assurer que tout se déroule bien. On transforme ensuite une partie de la viande sur le domaine avant de la mettre en vente. En compagnie de quelques collègues de la région, nous avons décidé de mettre sur pied un label pour promouvoir notre filière porcine : « Le cochon vaudois ». Son cahier des charges garantit un élevage respectueux de l’animal, qui doit avoir bénéficié de sorties quotidiennes et avoir été nourri exclusivement avec des céréales de la région. Et pour fixer les prix, on ne se base pas sur ceux du marché mais on s’assure avant tout que les acteurs de la filière soient rémunérés correctement.

La vente directe, une évidence

Le circuit de la viande de notre domaine est très court. Nous vendons en direct à la ferme 20% de notre production, tandis que le reste est commercialisé chez des bouchers de la région. Notre self-service est ouvert de 8h à 20 h et, deux jours par semaine, nous sommes au marché de Saint François à Lausanne. On propose aussi à la vente les produits des agriculteurs du coin dans notre épicerie, sans oublier les légumes de notre potager. On essaie de se diversifier pour répondre aux attentes des consommateurs.

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Encadré : Les cochons sont-ils vraiment sales ?

« Quel cochon ! » C’est une idée reçue tenace : dans l’imagerie populaire, le porc est associé à la saleté. Or, cette mauvaise réputation n’est pas méritée. Ou du moins pas toute l’année, car on constate une différence entre l’hiver et l’été. Lors de la saison chaude, les cochons aiment se rafraichir et… c’est souvent dans la boue qu’ils trouvent le plus de fraicheur. En hiver, par contre, ils restent très propres puisque la température leur convient mieux. Et attention, les porcs sont des animaux très organisés, qui ne font jamais leurs déjections dans le lieu où ils mangent, ni dans celui où ils dorment. Alors, pas si sale, le cochon !

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