Famille Muller

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L’aronia, un superfruit qui gagne à être connu

A Montherod, une jolie ferme rénovée est entourée d’arbres fruitiers recouverts de filets de protection. C’est ici que poussent les baies d’aronia de la famille Muller. En 2018, il a repris la gestion du domaine des mains de Jean-Luc Tschabold, propriétaire des lieux. Pionnier de la culture de ces baies en Suisse Romande, Jean-Luc s’est lancé dans ce pari fou pour développer son offre en 2009. « Je cherchais à trouver un projet pour ma retraite, et j’ai entendu parler de l’aronia. J’ai cherché quelques informations et je me suis ensuite très vite lancé dans l’aventure », précise cet ingénieur HES en arboriculture. Mais quand on lance un nouveau projet, les obstacles sont nombreux. « D’abord, j’ai dû attendre plusieurs années avant que mes petits plants grandissent et produisent des fruits. J’ai aussi subi des attaques des campagnols, qui m’ont anéantis près d’un quart des jeunes plants. Puis, j’ai dû mettre au point une technique pour sécher les fruits, et on a eu plusieurs ratés. Heureusement, j’ai fait la connaissance d’un agriculteur qui se lançait dans l’aronia en Suisse alémanique. Il était parti en Pologne pour s’inspirer des grands producteurs qui y cultivent ce fruit. Je suis allé le rencontrer et ensemble, nous avons mis au point une technique de séchage optimale. Comme il a investi dans un grand séchoir, j’ai décidé de lui livrer mes baies avant d’aller les récupérer une fois séchées. »

L’aronia, un superaliment

Un superaliment, ou superfood, c’est quoi ? Des graines de chia aux canneberges en passant par les baies de Goji, la grenade, l’açai, le matcha ou encore la spiruline, bon nombre de produits naturels disposent d’arguments nutritionnels qui en font des atouts pour rester en bonne santé. C’est le cas des baies d’aronia. Si leur goût peut être surprenant – il est acide et astringent du fait des tanins contenus dans le fruit –, ce sont ses propriétés antioxydantes qui font tout son intérêt. Elles sont en effet bien supérieures à celles de tous les autres fruits. L’aronia est par ailleurs particulièrement riche en vitamines C, B1, B2 et A, ainsi qu’en acide folique, en anthocyanes, en flavonoïdes et en fibres. Les spécialistes conseillent de consommer entre 10 et 15 baies séchées par jour ou une cuillère à thé de poudre de marc.

Un professeur conquis par l’aronia

« Pour la commercialisation j’ai dû tout inventer moi-même. » Jean-Luc Tschabold prend son bâton de pèlerin pour faire connaître ce fruit encore totalement inconnu du grand public. Et un jour, il reçoit un coup de fil qui va booster son commerce : « C’était le professeur Kurt Hostettman, spécialiste en pharmacognosie et phytochimie, qui m’appelait suite à un article consacré à mon domaine. Il s’est intéressé aux vertus de l’aronia et, comme il donne des conférences et a écrit de nombreux ouvrages, la connaissance sur ce super-aliment a rapidement essaimé. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste. »

Des moutons et des baies

A l’heure de la retraite, Jean-Luc Tschabold cherche quelqu’un pour reprendre ses cultures d’aronia. Cela fait alors quelque temps qu’il a fait la connaissance de Mathieu Muller, auprès de qui il se fournit en fumier de mouton qui contribue à fertiliser ses sols. De fil en aiguille, une amitié se tisse et le premier propose au second de reprendre le domaine. « On a fait une transition douce, précise Mathieu Muller. La culture de l’aronia se complète bien avec ma bergerie : l’été, quand les moutons sont à l’alpage sous la surveillance d’une bergère, je peux me concentrer sur les baies. C’est agréable de n’avoir pas tous mes œufs dans le même panier. D’autant que la marge brute par surface est nettement plus importante pour l’aronia que pour les moutons, ce sont même deux extrêmes. » Sa bergerie, qui est à Bière, à moins de 10 km de Montherod, abrite ses 600 moutons et le centre d’exploitation.

La récolte de l’aronia s’opère entre le milieu et la fin du mois d’août. Mais tout au long de l’année la culture de la baie nécessite de l’attention et des heures de travail. Il y a d’abord la taille en hiver, le désherbage à la main et le fauchage au printemps et la pose des filets en juillet pour protéger les cultures de la drosophile suzukii. L’aronia n’est en revanche pas sujette aux maladies fongiques et ne nécessite aucun traitement sous les filets.

Une baie, mille produits dérivés

Aujourd’hui, environ 5 tonnes d’aronia sont produites chaque année sur les quelques 7000 mètres que couvre le domaine de Montherod, toujours en agriculture biologique. « L’aronia reste un marché de niche, précise Mathieu. Pour la commercialiser, on travaille principalement via la vente en ligne sur notre site internet. Nos produits se retrouvent aussi dans nombre d’épiceries bio de Suisse romande, de Neuchâtel à Sion. » Quant à Jean-Luc Tschabold et Catherine, son épouse, ils proposent aussi toujours leurs produits phares : l’Elixir d’aronia, un concentré alcoolisé et des crèmes de soin corporel.

Les produits les plus demandés sont évidemment les baies séchées, mais aussi le jus et la poudre de marc. Quant au marc d’aronia, il intéresse le monde de la pharmacologie, puisqu’il peut être incorporé dans des compléments alimentaires. Et pour les nouveautés qui seront prochainement mises sur le marché, Mathieu proposera du granola d’aronia, produit en collaboration avec Novae restauration. Une chose est sûre : on n’a pas fini d’entendre parler de cette super petite baie.

L’aronia

Totalement inconnue il y a quelques années encore sous nos latitudes, on assiste à un véritable boom de l’aronia en Suisse. Cette baie à la couleur noire a la taille d’un gros cassis ou d’une myrtille. Elle pousse à l’état sauvage au nord des Etats-Unis et au Canada. Elle est consommée par les peuples Amérindiens depuis la nuit des temps, à des fins aussi bien alimentaires que médicales : on l’appelle même « la plante qui guérit ». Les fleurs de cet arbuste qui peut pousser jusqu’à 2000 mètres d’altitude ressemblent à celles du pommier, mais sont plus petites. Son nom allemand de « schwarze Apfelbeere » rappelle d’ailleurs cette similitude.

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