
Gérald Huber, un agriculteur au service de la nature
« Notre domaine se situe à Aubonne, au lieu-dit « Chivrageon ». C’est en parlant avec les ainés que j’ai appris que ce terme voulait certainement dire « Chèvre à jeun ». Le lieu porte bien son nom : depuis que j’ai repris le domaine, en 2020, j’ai toujours eu moins de précipitations ici que chez mes voisins des environs. J’ai repris le domaine d’un agriculteur qui était déjà convaincu par l’importance de préserver la biodiversité et je continue sur le même chemin.
En plus de travailler mon domaine en bio, je me sens investi d’une mission : faire tout mon possible pour léguer aux prochaines générations une nature en bonne santé : un sol fertile, de l’eau propre, une biodiversité présente et vivante. C’est aussi pour cela que j’ai pris le rôle de président de BioVaud. »

Les oiseaux et les fleurs sont de retour
« Lorsqu’on favorise la biodiversité les résultats sont visibles, c’est très gratifiant. De nombreux nichoirs sont installés sur le domaine et avons eu la chance d’y voir s’installer la huppe fasciée, extrêmement rare. D’ailleurs, la huppe est l’emblème du magasin que nous tenons, mon épouse et moi, au centre de Morges. Cette épicerie, qui s’appelle l’Authentique, est aussi un lieu privilégié pour valoriser nos produits et les vendre à des gens sensibles aussi bien à la problématique de la biodiversité qu’à l’accès à des produits locaux de qualité.
Ce printemps, un biologiste est venu faire des relevés sur le domaine. Il a pu observer une orchidée rare, l’orchis bouc, une fleur quasi-introuvable dans notre région. Lorsqu’on prend soin de la biodiversité, cela se retrouve dans le sol, et nous sommes tous gagnants.
Parmi les mesures que j’ai mises en place pour la favoriser, on pourrait citer la plantation de différents arbres fruitiers ou autres sur mes parcelles, tandis que j’ai pris soin de la haie qui traverse le domaine : elle sert de corridor écologique. On peut y voir des hérissons, des sangliers, des chevreuils ou des écureuils qui profitent de ce coin tranquille. Il y a toute l’année des insectes et des oiseaux qui y vivent. »
Mélanger les cultures
« Mon exploitation couvre une surface de 40 hectares, séparée uniquement par une petite route. D’un côté il y a des grandes cultures, et de l’autre des herbages et des pâturages pour nos vaches, dont la viande est également écoulée dans notre magasin de Morges.
Saison après saison, chaque jour réserve son lot de belles surprises. L’an dernier, j’ai semé des tournesols en deuxième culture sur une parcelle. Alors que je m’apprêtais à les broyer, j’ai observé qu’un bon nombre de passereaux venaient y chercher de la nourriture. C’était un vrai garde-manger pour ces oiseaux migrateurs. J’ai donc décidé de ne pas toucher à la parcelle pour leur garantir de la nourriture durant plusieurs mois. Prenons aussi un autre exemple dans lequel la biodiversité joue un rôle important : j’associe désormais mon blé à la féverole, ce qui amène plus de variété dans mes champs et favorise le retour des pollinisateurs et auxiliaires. On entend bourdonner, il y a de la vie partout ! J’ai aussi semé du millet, des betteraves, du maïs, du soja, de l’avoine, de l’orge, du seigle, du colza, des pois et de la luzerne. Des cultures diversifiées favorisent la biodiversité. »


La nature, un patrimoine précieux
« Pour moi, la nature est un patrimoine à sauvegarder. Je ne peux peut-être pas changer le monde à moi seul, mais je peux faire de mon mieux sur les 40 hectares du domaine. Avant de reprendre ce domaine, je travaillais dans le conseil agricole. Durant ma formation, j’ai pu visiter des domaines biologiques et ai tout de suite été séduit par cette démarche. Aujourd’hui, je suis heureux que mon fils de 4 ans aime tant aller dans la nature. J’essaie de l’élever dans le respect de l’environnement, pour qu’il puisse à son tour transmettre à ses camarades cette envie de consommer des produits d’ici, bons pour la santé. »
Du champ à la tartine
« Le produit qui me fascine le plus, c’est le pain. Je fais pousser les céréales dans mes champs. Je les livre à un centre collecteur. Ensuite, ce blé passe chez un paysan meunier qui le transforme en farine. Elle est transformée dans une boulangerie du coin avant de se retrouver sur les étals de notre magasin à Morges. Ce pain au levain à la farine semi-complète est un produit qui illustre la territorialité : un produit de la région et de haute qualité, qui n’est pas plus cher qu’un pain industriel pour autant. En plus, ce produit fait vivre plusieurs familles qui œuvrent dans une chaîne de valeur. Cela représente à merveille ma vision de l’agriculture. »
Favorisez la biodiversité chez vous en construisant un hôtel à insecte
Remplissez une boite en bois avec différents matériaux, comme de l’écorce, un pot en terre cuite, des bouts de tiges en bambou, de la paille, des pommes de pin, des buches avec des trous. Une fois que votre boite est bien remplie, recouvrez-là avec un grillage assez fin, qu’il faut fixer avec des agrafes. Ensuite, il n’y a plus qu’à lui trouver un coin dans votre jardin. Des abeilles, coccinelles, papillons et d’autres pourront venir s’y installer. Ils permettront de polliniser les plantes de votre jardin ou votre terrasse et pourrait même bien combattre des indésirables. Contre les pucerons, les coccinelles sont des alliées redoutables !